Organicité des mots, de la parole et des sons : quand le théâtre convoque la grande histoire pour rencontrer la sensibilité de nos élèves.

Grâce au soutien finacier de l’Eurométropole, la Compagnie EchoGraphe est venue offrir une réprésentation d’Un Autre Jour Sans Vent – Oratorio, d’après La Douleur de Marguerite Duras.

Texte intense écrit en 1946, Marguerite Duras y pousse un cri, délivre une parole brute, arrachée à la mémoire, et hors de toute conscience. Elle attend son compagnon, Robert Antelme, déporté à Dachau, avec la certitude qu’il y soit mort. Finalement, on lui apprend qu’il est vivant et « Morland » (alias François Mitterrand) ira le chercher dans l’enfer des camps, usant de son impact pour le faire sortir de l’infirmerie où il était retenu en quarantaine, condamné à une mort certaine.

Parce qu’il semble écrit sans filtre, La Douleur est une parole précieuse sur La Libération. Duras y dépeint le quotidien des parisiens, son quotidien à elle, « suspendue » entre la vie et la mort, et y insère des fulgurances étonnantes d’analyse politique de la situation. Le ping-pong constant entre l’Histoire et l’histoire intime nous oblige à des questions personnelles et dévoile les répercussions de cette période sur notre présent.

Ce sont les groupes de 1ère et de Terminales HLP – Humamités – Littérature – Philosophie qui ont été choisis pour découvir ce spectacle.

Ce texte leur apporte un éclairage afin d’appréhender à la fois la seconde guerre mondiale avec l’enfer du système concentrationnaire mais également la fin de la guerre et la Libération.

Le choix d’accueillir ce spectacle n’est pas anodin également par rapport à la forme qu’il propose. La compagnie EchoGraphe, et sa directrice artistique Violaine-Marine Helmbold qui interprète et signe la mise en scène, accompagnée par sa collaboratrice artistique Sabine Lemler, travaillent à la frontière entre le texte et la musique, s’attachant aux sonorités et aux paysages sonores que la parole peut créer chez les spectateurs. Entre mélopé et paroles, entre sons et mots, la voix se fait l’écho de l’intimité d’une femme qui exprime, de manière saccadée et avec des phrases courtes, la douleur d’une attente cruelle et interminable … un constat sur l’horreur de l’humanité et du politique.

L’écoute intense de la part des élèves et la pertinence de l’échange qui a suivi la représentation témoignent l’importance de développer au maximum les projets artistiques dans les établissements scolaires, par l’accueil, entres autres, de spectacles dans leurs murs.

Un très grand merci à l’équipe artistique, aux enseignants et aux élèves pour ce très beau moment d’art et de culture.