Quand le théâtre vient à la rencontre des élèves de terminale pour éclairer les programmes d’histoire-géographie.

Grâce à l’Action culturelle des lycées de la région Grand Est, 3 classes de terminales ont pu découvrir le spectacle de la Compagnie Echo-Graphe, Un Autre Jour Sans Vent – Oratorio, d’après La Douleur de Marguerite Duras.

Texte fort écrit en 1946 mais publié en 1985 car Marguerite Duras ne se souvenait plus de ce manuscrit, elle y pousse un cri, délivre une parole brute, arrachée à la mémoire, et hors de toute conscience. Elle attend son compagnon, Robert Antelme, déporté à Dachau, avec la certitude qu’il y soit mort. Finalement, on lui apprend qu’il est vivant et « Morland » (alias François Mitterrand) ira le chercher dans l’enfer des camps, usant de son impact pour le faire sortir de l’infirmerie où il était retenu en quarantaine, condamné à une mort certaine.

Parce qu’il semble écrit sans filtre, La Douleur est une parole précieuse sur La Libération. Duras y dépeint le quotidien des parisiens, son quotidien à elle, « suspendue » entre la vie et la mort, et y insère des fulgurances étonnantes d’analyse politique de la situation. Le ping-pong constant entre l’Histoire et l’histoire intime nous oblige à des questions personnelles et dévoile les répercussions de cette période sur notre présent.

Ce texte apporte un éclairage pour les élèves de terminale afin d’appréhender à la fois la seconde guerre mondiale avec l’enfer du système concentrationnaire mais également la fin de la guerre et la Libération.

Le choix d’accueillir ce spectacle n’est pas anodin également par rapport à la forme qu’il propose. La compagnie Echo-Graphe, et sa directrice artistique Violaine-Marine Helmbold qui signe la mise en scène et joue Un Autre Jour Sans Vent, travaillent à la frontière entre le texte et la musique, s’attachant aux sonorités et aux paysages sonores que la parole peut créer chez les spectateurs. Entre mélopé et paroles, entre sons et mots, la voix se fait l’écho de l’intimité d’une femme qui exprime, de manière saccadée et avec des phrases courtes, la douleur d’une attente cruelle et interminable … un constat sur l’horreur de l’humanité et du politique.

Préparé au spectacle par Sabine Lemler, collaboratrice artistique sur ce spectacle, les trois classes de terminale ont eu à la fois un focus sur ces événements historiques et un éclairage sur la forme esthétique de la représentation.

Un très beau projet d’Education artistique et culturelle qui vient compléter et enrichir les connaissances transmises en classe.